La tricherie orchestrée par Volkswagen n’en finit pas de prendre de l’ampleur. Alors que jusqu’à présent on pensait que l’installation d’un logiciel espion permettant de falsifier les tests antipollution ne concernait que les petites motorisations du constructeur allemand, l’agence américaine de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency, EPA) a révélé, lundi 2 novembre, que la malversation s’étend également à des moteurs plus puissants sur des modèles de marque Volkswagen, Audi et Porsche.
Ce nouveau volet de l’enquête mené par l’agence fédérale américaine indique que les moteurs V6 de trois litres, équipant des véhicules fabriqués depuis 2014, étaient équipés du fameux logiciel, qui permet de rejeter en toute discrétion jusqu’à neuf fois plus d’oxydes d’azote (NOx) que les seuils autorisés aux Etats-Unis. Au moins 10 000 voitures, des Volkswagen Touareg, des Porsche Cayenne, différents modèles d’Audi Quattro ainsi que des Audi Q5, seraient concernées sur le marché américain.
Elles s’ajoutent aux 482 000 véhicules fabriqués depuis 2008, équipés d’un moteur quatre cylindres diesel de deux litres à propos desquels le groupe allemand a déjà avoué avoir fraudé aux Etats-Unis. Volkswagen a admis avoir trafiqué 11 millions de voitures à travers le monde, mais jusqu’à présent, les modèles incriminés lundi par l’EPA n’étaient pas concernés.
Un scandale à 6,7 milliards d’euros
Ce nouveau rebondissement est le fruit « d’un programme de test qui a été mené par l’EPA, le California Air Resources Board [ARB] et Environment Canada », a précisé Janet McCabe, une responsable de l’EPA lors d’une conférence téléphonique, tout en ajoutant que l’enquête et les discussions avec Volkswagen se poursuivaient. Dans un communiqué, Cynthia Giles, une autre responsable de l’EPA, affirme que « Volkswagen a une fois de plus failli à ses obligations de se conformer à la loi qui protège l’air des Américains. Toutes les entreprises devraient être soumises aux mêmes règles », a-t-elle rappelé.
Quelques instants après les nouvelles accusations de l’EPA, le constructeur allemand a publié un communiqué indiquant que : « Volkswagen AG tient à souligner qu’aucun logiciel n’a été installé sur les moteurs V6 diesel 3.0 litres, dans le but de modifier les caractéristiques des émissions de façon illégale. Volkswagen va coopérer pleinement avec l’EPA pour faire toute la lumière sur cette question ».
La batterie de tests, qui a permis de découvrir que d’autres modèles de Volkswagen sont concernés, fait partie d’une enquête plus large, lancée fin septembre. Elle vise à vérifier les données fournies par tous les constructeurs qui commercialisent des modèles aux Etats-Unis. « Ces tests ont soulevé de sérieuses préoccupations [à propos de Volkswagen] », indique Richard Corey, le responsable de l’ARB. Il a demandé au constructeur allemand de solutionner ces problèmes, qui posent « de graves problèmes de santé publique. L’ARB et l’EPA vont continuer à mener une enquête rigoureuse, qui comprend la vérification de plus de véhicules, jusqu’à ce que les faits soient mis à jour », a-t-il ajouté.
Volkswagen a d’ores et déjà provisionné 6,7 milliards d’euros pour faire face aux coûts du scandale et plusieurs responsables de haut rang du constructeur ont été suspendus. Le patron de Volkswagen pour l’Amérique du Nord, Michael Horn, avait présenté ses « sincères excuses » le 8 octobre devant la commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants. « Ces événements sont profondément troublants. Je ne pensais pas que quelque chose comme cela était possible au sein de Volkswagen. Nous avons brisé la confiance de nos clients, de nos concessionnaires et de nos salariés, ainsi que celle du public et des régulateurs », avait-il déclaré lors d’une audition de plus de deux heures.
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